La perception des DYS EN ENTREPRISE

09.10.2023

Lors du recrutement d’un salarié Dys, un manager ou un DRH aura tendance à voir les difficultés induites par ses troubles plutôt que ces compétences. Ces troubles neurodéveloppementaux, qui touchent 8% de la population, peuvent être associés selon des combinaisons différentes et des degrés différents. Il y a 40% des dyslexiques (troubles de la lecture) qui sont également dyscalculiques (troubles du calcul) ou atteints de troubles de l’attention. La dyspraxie (troubles de la coordination) et la dysgraphie (troubles de l’écriture) se combinent à 80%. Il en résulte des difficultés d’organisation du temps, une surcharge cognitive, de la fatigue et une attention fluctuante.


Ces difficultés ne sont que la partie émergée de l’iceberg, la construction neuronale et l’expérience acquise des Dys leur confèrent des compétences très recherchées : Ultra sensibilité, empathie pour autrui, sens des responsabilités, capacités à déléguer, vision systémique / globale, créativité, capacités à repérer les incohérences.


Une multitude d’initiatives tendent à prouver que les mentalités évoluent et la culture d’entreprise tend vers le soutien et l’encouragement à la différence cognitive.


L’avancée la plus flagrante est l’apparition en avril 2022 de« Dyslexic Thinking » dans la liste de compétences qui peuvent être ajoutées à un profil LINKEDIN. Cette avancée est l’œuvre de l’Association « Made By Dyslexia » dont les représentants les plus emblématiques sont Richard Branson (ex PDG de Virgin), Orlando Bloom ou Keira Knightley. 


De par leur construction neuronale, les DYS sollicitent davantage l’hémisphère droit du cerveau pour réfléchir, ce qui induit une pensée globale (systémique) et imagée (une pensée holistique propice à la créativité, une capacité spatiale / concept, une pensée en 3D et projection / anticipation mentale).


De par leur expérience, ils possèdent une intelligence émotionnelle accrue ainsi que des capacités d’exploration. En effet, ayant été confronté dès leur plus jeunes âge, à des difficultés pour lire ou écrire, ils ont appris à surmontés leurs difficultés et à trouver des solutions développant ainsi la ténacité, la persévérance, le courage. Ils ont également dû très vite décrypter les réactions de leur entourage pour savoir s’ils avaient la « bonne réponse », poussant ainsi vers une hyper sensibilité, mais également repérer les personnes susceptibles de les aider. En effet, ayant du mal à écouter, comprendre et prendre des notes à la fois, ils ont très vite su repérer la personne ressource qui aurait la capacité de prendre des notes pour eux.


Doués à l’oral, ils ont donc développé des compétences en matière de créativité, de résolution de problèmes et de communication comme le rescence Dictionnary.com ce, autant de compétences qui en font de bons gestionnaires de projet et de bons managers.


Malheureusement, selon des études menées par Manpower Group1 et l’association « Made by Dyslexia », 42% des employeurs avouent leur ignorance sur les compétences associées aux troubles Dys et 79% des DYS estiment que le processus de recrutement ne leur donne pas la possibilité de montrer leurs véritables aptitudes. Les troubles Dys ne doivent donc plus être un frein à l’embauche ou l’évolution professionnelle d’un salarié, il existe aujourd’hui de nombreuses compensations permettant de contrebalancer leurs difficultés (correcteur orthographique, scanning pen / dictée vocale, casque antibruit pour favoriser la concentration, le lecteur immersif sur internet pour faire disparaitre tous les éléments qui pourraient perturber la lecture, lunettes lexilens, lampe Lexilight) ainsi que l’appel à la bienveillance en demandant la relecture des mails par un collègue mais aussi par l’intégration du logo « certifié dysorthographique » (créé en 2019 par Justine Vilgrain) dans les mails. Il s’agit de savoir exploiter au mieux les compétences de chacun et placer le salarié dans un climat de confiance, une écoute, un désir de collaboration afin que les adultes Dys retrouvent une estime de soi reboosté, un regain de performance grâce à une juste compréhension des erreurs commises involontairement.


Comme l’exprime Mai Lam Nguyen-Conan3, directeur d’un laboratoire de recherche dans son article “la diversité cognitive » publié dans Le MagRH en octobre 2020 :

« 85% des emplois de 2030 n’existent pas encore […] dans mon secteur, je préfère recruter des gens avec une grande plasticité cognitive, que je peux former en fonction de l’évolution des technologies. Quel que soit leur parcours, leurs capacités à apprendre, à désapprendre et réapprendre est essentielle. »

« Le talent a besoin de sympathie, il faut qu’on le comprenne » citation de Fiodor Dostoievski


Pour plus d’information :

Consultez l’association DYSLEXIE France https://www.dyslexiefrance.com/

Ainsi que le livre « Les troubles dys chez l'adulte : Faites de votre différence une force !», Carol Valet, Claudine Gardères, Carol Nelson, Edition Mardaga, 11/2022